DANS LA PRESSE

Concert exceptionnel à l’église Saint-Sixte de Genval

by Dominique-Hélène Lemaire

Dans le cadre du festival Balade Musicale à Rixensart!

Dernière balade musicale à Rixensart le 31 mars 2022  en l’église de Genval,  avec un programme  de clôture qui a ravi  une audience toujours avide de  rencontrer de jeunes artistes belges.

Rendez-vous aussi avec un artiste fidèle des lieux : Ayrton Desimpelaere (1990) invité à plusieurs reprises par l’infatigable organisateur Jean-Pierre Peres. Sa carrière prit son envol en juin 2015 à l’occasion de la demi-finale du Concours international Tchaikovsky. Ensuite il fut chef d’orchestre assistant pendant quatre saisons à L’Opéra Royal de Wallonie-Liège, collaborant notamment avec Speranza Spaducci et Paolo Arrivabeni.  En 2018, Stefano Mazzonis di Palafera lui confie la direction de Il Matrimonio Segredo. En 2019 il  dirige deux représentations d’Aida de Verdi et une représentation de madame Butterfly de Puccini. En 2019, il se retrouve aussi  à la tête de l’ORW pour les concerts de Gala du Concours International d’Art Lyrique de Namur. A son tableau d’honneur, il affiche également trois créations : Folon (Camogrande), Don Quichotte (Massenet-Le Hérissier) et  Le petit chaperon Rouge ( Guagnigni ). Tout dernièrement il dirigeait l’opéra Faust de Charles Gounod à l’Opéra de Ljubljana en Slovénie.

Ses grands complices ce soir sont les 15 instrumentalistes de l’ensemble  La « Camerata IMEP » un ensemble motivé et professionnel,   tous niveaux et âges confondus, rigoureusement sélectionnés sur base de concours, un des départements phares de L’IMEP (Namur) .

En avant-programme le très jeune pianiste  Jinan Hong (14 ans) présente lors de se variations sur un thème de la Flûte Enchantée, de Mikhaïl Glinka beaucoup de fraicheur et de versatilité, comme s’il devenait utile de souligner la cohésion de nos peuples malgré leur diversité  et  d’insister sur la grâce du lien artistique qui nous unit. L’étonnant Loric Jossart (15 ans) nous a  gratifiés de musique de très profonde complexité, animée par un réel feu intérieur.  Ses très belles lectures successives d’extraits de Debussy, Chopin et Bela Bartok témoignent d’une très belle intelligence, d’une agréable maturité de jeu, et d’une  expressivité  intense et touchante.  On passe de l’incendie ravageur à la caresse spirituelle,  on ressent l’interprétation  fine et complexe  d’un jeune talent accompli. Assiste-t-on à l’éclosion d’un  réjouissant avenir?

Très émouvant aussi, ce moment, où Thimothée Grandjean, un élève d’Ayrton Desimpelaere – dont il a capté toute la gestique – prend la baguette pour diriger Elegy d ‘Edward Elgar.  Enfin,  c’est au tour du maître de nous ravir avec une musique de noces avec le ciel : « Crisantemi » de Giaccomo Puccini.  L’or de la tendresse,  une douceur surnaturelle, de l’élévation, des accents subtils de douleur et un  parfum d’éternité se côtoient au sein des cordes soyeuses de l’orchestre.

L’apparition de la séduisante et attachante Anaïs Cassiers  en souple longue robe blanche à dos nu, pour jouer le 1er Concerto op .11 pour piano en ré mineur de Chopin remplit da salle d’une attente impatiente.   Élégance, délicatesse, énergie …passion et finesse des sentiments, tout y est. La connivence évidente entre le maître de musique et son orchestre fait merveille, et c’est  sa conduite dynamique  et précise  qui dessine les moindres reliefs de l’interprétation pianistique de la musicienne. Il faut dire qu’elle possède un immense contrôle de son clavier, sait y faire déferler des vagues de lumière, à travers tous les scintillements de l’orchestre. Les violons sont puissants et chatoyants, les respirations envoûtantes.  La  maîtrise pianistique de la jeune artiste  témoigne d’une connaissance millimétrée de la partition.  C’est un chef d’œuvre d’interprétation, d’un bout à l’autre. On repère de  discrets mais émouvant pizzicati mimant les battements de cœur. Un monde, rêve de perfection se déroule devant les spectateurs. Difficile pour le public de se retenir d’applaudir après l’Allegro Maestoso. La Romance est une heure de gloire pour la pianiste qui épanche sa tendresse, tandis que violons, en soutien duveteux vibrent comme des choristes off, oui, il s’agit du plus humain des dialogues entre fragilité et exaltation. Les sonorités sont profondes, des instants, paraissent  suspendus, un souffle de paix envahit, tous cauchemars terrassés. Je meurs ou je m’attache, la confiance, vibre sous les doigts de la pianiste et des archets conjurés. Dans le Rondo vivace, aurait-on perçu un rythme jazzy, juste avant des respirations océaniques? Le thème principal n’en finit pas de revenir en rondes printanières, un tourbillon de bonheur. Un concerto d’un exceptionnel  défi, lors d’une soirée inoubliable.

Passionné, ensorceleur même, sera le bis offert par la fascinante  Anais Cassiers : une étude de Saint-Saens.

Dominique-Hélène Lemaire pour Arts et Lettres